Non ce billet ne parle pas de politique. Quoique.

PS, pour Program Service, est le nom de la fonctionnalité du Radio data system (RDS), qui vise à permettre l'affichage sur un récepteur radio du nom de la station reçue, sur huit caractères. Il s'agit donc de l'une des fonctionnalités les plus connues du RDS, avec le basculement automatique entre émetteurs lors des déplacements.

Selon la norme RDS, la fonctionnalité PS est expressément réservée à l'affichage statique du nom de la station. Des informations plus dynamiques telles que les références de l'émission ou du morceau de musique en cours peuvent être fournies via la fonctionnalité RT (radiotexte), qui permet la transmission d'un texte de 64 caractères, avec un système de gestion de la dynamicité (alternat d'un bit pour ne pas confondre deux messages successifs).

L'UER proscrit donc explicitement le détournement de la fonction PS pour la transmission d'informations dynamiques. Parmi les arguments pertinents, on peut évoquer les suivants :

  • Par défaut, un autoradio affiche le code PS, statique. Des informations dynamiques sont de nature à perturber le conducteur d'une voiture, voilà pourquoi le RT s'obtient (si disponible) en pressant sur un bouton, donc d'une façon volontaire. Si on détourne le PS, on risque de perturber les automobilistes à des moments où ils ne s'y attendent pas.
  • Le code PS est sur huit caractères. Y faire passer de longs messages nécessite de tout découper en tranches de 8 caractères, avec le risque que certaines tranches ne soient pas reçues. Par opposition, les messages RT sont longs de 64 caractères, avec défilement géré par le récepteur.
  • Si le code PS représente autre chose que le nom de la station, cela rend la recherche des stations beaucoup plus difficile. En gros, on perd l'apport du RDS pour l'identification des stations... De plus, les systèmes de mémorisation automatique vont mémoriser n'importe-quoi, par exemple des bribes de phrases ou de numéros de téléphone en lieu et place du nom des stations.

Il semble donc évident que l'utilisation du PS pour la diffusion d'informations dynamiques soit une vraie perversion du standard. Pourquoi donc s'embêter alors que le RT est là, avec toutes les fonctionnalités souhaitées[1] ? Et bien il existe un inconvénient majeur au RT : tous les récepteurs n'en disposent pas ! Cela a donc poussé de nombreuses stations à faire du PS dynamique. En Allemagne, Radio Regenbogen le fait depuis 1996. En Suisse et en Autriche, c'est actuellement monnaie courante, même sur des réseaux publics.

Qu'en est-il en France ? En 2008, le CSA a donné une autorisation d'expérimentation pour Radio Classique et Sun FM. Cette expérimentation est étendue : toutes les stations peuvent faire une demande d'expérimentation jusqu'au 31 décembre 2009. Le fait est que le PS dynamique s'est répandu comme une traînée de poudre, aussi bien en Île-de-France qu'en province. Chacun y va de ses références de morceau, de son slogan, de son numéro de téléphone, de son cours de bourse, etc.

On ne peut pas pour le moment juger ce qu'il en adviendra, même si on trouve déjà quelques commentaires des opérateurs. On peut néanmoins regretter qu'un défaut d'implémentation d'une fonctionnalité bien conçue pousse à pervertir (et donc partiellement endommager) une autre fonctionnalité d'une norme par ailleurs très bien pensée.

Pour référence : codes PI (identification de programme) et codes PS canoniques des radios françaises (tous les codes PI français sont entre 0xF000 et 0xFFFF car... F comme France...)

Notes

[1] Et même plus, avec le RT+, qui permet d'associer des métadonnées aux textes RT. Le RT+ vient d'être normalisé.