Christophe Jacquet — Carnet — Mot-clé : Médias

Les superlatifs de la mort

Le mercredi soir à la télévision française :

  • canal 8, 20h40 : Les Démolisseurs de l'extrême
  • canal 9, 20h40 : Le Convoi de l'extrême
  • canal 9, ensuite : Les Pilotes de l'impossible

Et n'oublions pas le canal 11, qui programme au même créneau des titres tels que Beauté fatale ou Impact imminent !

Radiotexte sur France Inter

20101231_RT_France_Inter.png Après France Musique qui s'était mis au radiotexte à l'été dernier, France Inter rejoint maintenant les rangs des diffuseurs de radiotexte en Île-de-France ! Rappelons que le radiotexte (RT) est le seul bon moyen de diffuser le titre de l'émission ou du morceau en cours via le RDS.

Le signal RDS de France Inter est encore plus complexe que celui de France Musique (voir capture d'écran de RDS Surveyor ci-contre). Il contient les groupes suivants :

  • 0A : nom de la station, fréquences alternatives, drapeaux d'annonces routières,
  • 1A et 7A : radiomessagerie numérique et alphanumérique (toujours en fonctionnement même si essentiellement limitée à des messages de test),
  • 3A et 8A : infos trafic TMC (service V-TRAFIC),
  • 2A : radiotexte (transmis à environ 1 groupe par seconde, soit un peu plus de 16 s pour transmettre un message complet),
  • 4A : date et heure,
  • 14A/B : informations sur les autres stations de Radio France et le 107.7 MHz, pour la commutation vers des informations routières.

À quand France Culture, et même France Info ? À quand le reste de la France ?

Radiotexte sur France Musique

Radiotexte sur France Musique Événement sur la bande FM : France Musique diffuse du radiotexte RDS (RT) ! Le radiotexte contient le titre de l'émission ou du morceau en cours de diffusion, ou bien l'adresse web de la station.

J'ai pu recevoir ce radiotexte sur l'émetteur de Paris-Tour Eiffel (91.7 MHz), ainsi que sur celui de Villebon (97.1 MHz), qui selon toute probabilité reprend les signaux du premier. Je suis preneur de toute information concernant la présence du radiotexte sur d'autres émetteurs.

France Musique diffuse donc actuellement un signal RDS assez complexe (voir capture d'écran de RDS Surveyor ci-contre). On a les groupes suivants :

  • 0A (nom de la station, fréquences alternatives, drapeaux routiers),
  • 1A et 7A (radiomessagerie numérique et alphanumérique, toujours en fonctionnement même si essentiellement limitée à des messages de test),
  • 2A (radiotexte, transmis à environ 2,6 groupes par seconde, soit un peu plus de 6 s pour transmettre un message complet),
  • 4A (date et heure),
  • 14A/B (informations sur les autres stations de Radio France et le 107.7 MHz, pour la commutation vers des informations routières).

L'un des trois piliers de Radio France diffuse du radiotexte : c'est très bien. On se sent un peu moins à la traîne derrière nos voisins européens qui le font depuis 10 ans... C'est surtout plus intelligent que le PS dynamique, toujours en expérimentation par les stations privées, et qui est vraiment une plaie à l'usage : identifier les stations est devenu très difficile, alors qu'il s'agissait de l'atout majeur du RDS... Quelles seront les prochaines étapes pour Radio France :

MÀJ, 12 août 2010 : il semble que seuls les émetteurs de Paris et Villebon émettent actuellement le radiotexte.

Chaînes étrangères sur Freebox TV

Le service Freebox TV de télévision par ADSL propose de nombreuses chaînes, dont profusion de « packs linguistiques » : Russia, Africa Premium, La Grande Muraille, Pack hispano, Arabesque Silver, Turk TV, Pack Liban, WTV Cambodge, etc. Quant au bouquet de base, il comprend une offre exhaustive en chaînes italiennes, roumaines, bulgares, turques, hispaniques, arabophones, portugaises, russophones, et j'en passe...

Mais qu'en est-il des chaînes en anglais, la langue étrangère étudiée et pratiquée par presque tous les français ? Presque rien, des chaînes d'info (BBC World Service, CNN, Fox News, etc.), plus BBC Prime. Mais pas de chaîne généraliste, sur laquelle on pourrait s'exercer à la langue et découvrir les cultures anglo-saxonnes ! De même, l'offre en allemand, notre partenaire européen privilégié, est anémique : Arte et la Deutsche Welle.

Bien entendu, je ne suis pas contre la diffusion de programmes exotiques, l'ouverture à des cultures peu connues est positive. Mais la moindre des choses serait tout de même de diffuser une offre raisonnable dans les principales langues étudiées par les Français (seul l'espagnol est raisonnablement représenté), ainsi que des grandes chaînes de nos principaux partenaires (et j'inclus ici les chaînes francophones du Québec, de Belgique ou de Suisse)...

RDS-PS dynamique : réaction du RDS Forum

Alors que l'on assiste à une quasi-généralisation en Europe du RDS-PS dynamique (détournement de la fonctionnalité d'affichage des stations du RDS pour faire passer des textes dynamiques), et alors que l'autorisation d'expérimentation en France continue jusqu'au 31 décembre, le RDS Forum vient de publier un nouveau document précisant sa position. Ses arguments contre les détournements actuels sont les suivants :

  • La fonctionnalité PS est cruciale dans le RDS, car elle permet à l'auditeur d'identifier rapidement les stations (transmission du nom en moins d'une demi-seconde). Le PS dynamique casse cette fonctionnalité.
  • La majorité des récepteurs RDS stockent en mémoire le nom PS. Si le PS contient autre chose que le nom des stations, les mémoires sont étiquetées n'importe-comment, ce qui rend l'utilisation des récepteurs pénible.
  • De plus certains autoradios effectuent une recherche automatique, et affectent les noms des stations trouvées (PS) à des touches d'accès rapide. Encore une fois, ces touches sont étiquetées n'importe-comment avec le PS dynamique.
  • Le PS dynamique dans une voiture peut distraire le conducteur, ce qui pose d'importants problèmes de sécurité. En particulier, c'est contradictoire avec une recommandation de l'UE datant de 2007, qui porte sur la sécurité des affichages dans une voiture. D'après le RDS Forum, certains constructeurs ont d'ailleurs déjà sorti des autoradios qui coupent l'affichage en cas de réception de PS dynamique...

Le RDS Forum enjoint donc les autorités de régulation de s'assurer qu'aucune station n'utilise plus le PS dynamique. Les stations sont bien entendu incitées à cesser ces activités dès que possible et à utiliser le radiotexte (RT) en remplacement, mais une période de transition est envisagée, au cours de laquelle on recommande aux stations de ne faire varier le PS que moins de 30 secondes par minute (en moyenne). Notons cependant que si cela améliore certains points ci-dessus, cela ne résout pas fondamentalement les problèmes soulevés...

Il sera intéressant d'analyser la position du CSA suite à l'expérimentation française. Car si la solution de transition proposée par le RDS Forum correspond à peu près aux lignes directrices suivies pour l'expérimentation de 2009, il y a tout de même une différence majeure : alors que le RDS Forum propose cette solution en tant que transition vers un arrêt au plus tôt du PS dynamique, le CSA envisage éventuellement d'autoriser le PS dynamique à démarrer en France...

PS dynamique

Non ce billet ne parle pas de politique. Quoique.

PS, pour Program Service, est le nom de la fonctionnalité du Radio data system (RDS), qui vise à permettre l'affichage sur un récepteur radio du nom de la station reçue, sur huit caractères. Il s'agit donc de l'une des fonctionnalités les plus connues du RDS, avec le basculement automatique entre émetteurs lors des déplacements.

Selon la norme RDS, la fonctionnalité PS est expressément réservée à l'affichage statique du nom de la station. Des informations plus dynamiques telles que les références de l'émission ou du morceau de musique en cours peuvent être fournies via la fonctionnalité RT (radiotexte), qui permet la transmission d'un texte de 64 caractères, avec un système de gestion de la dynamicité (alternat d'un bit pour ne pas confondre deux messages successifs).

L'UER proscrit donc explicitement le détournement de la fonction PS pour la transmission d'informations dynamiques. Parmi les arguments pertinents, on peut évoquer les suivants :

  • Par défaut, un autoradio affiche le code PS, statique. Des informations dynamiques sont de nature à perturber le conducteur d'une voiture, voilà pourquoi le RT s'obtient (si disponible) en pressant sur un bouton, donc d'une façon volontaire. Si on détourne le PS, on risque de perturber les automobilistes à des moments où ils ne s'y attendent pas.
  • Le code PS est sur huit caractères. Y faire passer de longs messages nécessite de tout découper en tranches de 8 caractères, avec le risque que certaines tranches ne soient pas reçues. Par opposition, les messages RT sont longs de 64 caractères, avec défilement géré par le récepteur.
  • Si le code PS représente autre chose que le nom de la station, cela rend la recherche des stations beaucoup plus difficile. En gros, on perd l'apport du RDS pour l'identification des stations... De plus, les systèmes de mémorisation automatique vont mémoriser n'importe-quoi, par exemple des bribes de phrases ou de numéros de téléphone en lieu et place du nom des stations.

Il semble donc évident que l'utilisation du PS pour la diffusion d'informations dynamiques soit une vraie perversion du standard. Pourquoi donc s'embêter alors que le RT est là, avec toutes les fonctionnalités souhaitées[1] ? Et bien il existe un inconvénient majeur au RT : tous les récepteurs n'en disposent pas ! Cela a donc poussé de nombreuses stations à faire du PS dynamique. En Allemagne, Radio Regenbogen le fait depuis 1996. En Suisse et en Autriche, c'est actuellement monnaie courante, même sur des réseaux publics.

Qu'en est-il en France ? En 2008, le CSA a donné une autorisation d'expérimentation pour Radio Classique et Sun FM. Cette expérimentation est étendue : toutes les stations peuvent faire une demande d'expérimentation jusqu'au 31 décembre 2009. Le fait est que le PS dynamique s'est répandu comme une traînée de poudre, aussi bien en Île-de-France qu'en province. Chacun y va de ses références de morceau, de son slogan, de son numéro de téléphone, de son cours de bourse, etc.

On ne peut pas pour le moment juger ce qu'il en adviendra, même si on trouve déjà quelques commentaires des opérateurs. On peut néanmoins regretter qu'un défaut d'implémentation d'une fonctionnalité bien conçue pousse à pervertir (et donc partiellement endommager) une autre fonctionnalité d'une norme par ailleurs très bien pensée.

Pour référence : codes PI (identification de programme) et codes PS canoniques des radios françaises (tous les codes PI français sont entre 0xF000 et 0xFFFF car... F comme France...)

Notes

[1] Et même plus, avec le RT+, qui permet d'associer des métadonnées aux textes RT. Le RT+ vient d'être normalisé.

À quand un culte du code ASCII ou du code Morse ?

Cette semaine, France 2 a diffusé une fiction en deux épisodes, intitulée Une lumière dans la nuit, qui a été primée et a fait l'objet d'une bonne critique, notamment de l'exigeant Télérama.

Ce film est plutôt bien ficelé, et l'on passerait un bon moment si l'intrigue n'était pas malheureusement dénuée d'intérêt. Pour résumer, tout commence par l'invention par Louis Braille d'un codage en relief des caractères pour les aveugles. Lors d'une démo du système, des militaires français et britanniques, convaincus de son utilité militaire (pour la transmission secrète de messages), décident de s'emparer de la « matrice », une sorte de pince servant à embosser les caractères. Tout le film tourne autour des tentatives d'obtention de la « matrice » par les militaires, de la fuite en avant de Braille pour la protéger, et de la quête actuelle de cet objet.

Tout cela est du grand n'importe-quoi. Une démo du système de Braille suffit pour en comprendre le principe, et de là, le code précis établi par Braille, et donc la « matrice » n'ont aucun intérêt. Il ne sert à rien de chercher à obtenir la « matrice » (et donc également de vouloir la protéger), puisque n'importe-qui peut établir son propre code, qui certes sera différent de celui de Braille, mais en aura toutes les caractéristiques. Un peu comme s'il avait fallu faire des drames autour du code ASCII alors qu'il suffisait d'inventer EBCDIC ou un quelconque autre code pour obtenir un fonctionnement strictement équivalent.

Le scénariste semble avoir oublié que la principale caractéristique d'un code, c'est d'être une convention, et donc d'être parfaitement interchangeable. Qu'un scénario si léger ait pu donner lieu à un film est surprenant, qu'il ait été sélectionné pour diffusion par France Télévisions l'est encore plus, mais ce n'est pas le plus dérangeant. Ce qui me met mal à l'aise, c'est le mystère qui est fait autour du code Braille, qui en réalité n'a vraiment rien d'exceptionnel ni encore moins de mystérieux. Et lorsque l'on essaie de me faire voir du mystère (accompagné au passage d'une vénération plus-que-quasi-religieuse) là où il n'y en a pas, je ne peux m'empêcher de sentir des relents d'obscurantisme...

RIP Mégahertz Magazine

Mégahertz Magazine dépose le bilan. Il s'agissait de l'unique magazine radioamateur français disponible en kiosque (l'autre étant Radio REF, distribué aux adhérents du Réseau des émetteurs français).

Cela me rappelle amèrement le début des années 1990, lorsque des titres comme PC micro-informatique, ex-PCompatibles (l'autre titre majeur des éditions Soracom avec Mégahertz, tiens tiens...), ou Réponse Micro ont cessé de paraître (respectivement à la rentrée 1993 et au début 1994 si mes souvenirs sont bons). S'en étaient ensuivies plusieurs années de désert dans le paysage de la presse informatique francophone : il a fallu attendre 1998 et le mouvement impulsé par le logiciel libre pour que de nouveaux titres techniquement intéressants apparaissent, notamment Linux Magazine et quelques autres.

Certes, des sites techniques existent sur Internet, mais lorsqu'une revue disparaît, cela va toujours dans le sens de l'appauvrissement de la société, sur les plans technique, culturel et intellectuel.

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