J’ai déjà écrit dans ce carnet sur l’usage français des titres madame et mademoiselle que je trouve franchement dégradant pour les femmes. Je vais ici aborder les notions connexes de nom de jeune fille et de nom d’épouse… Il est en effet d’usage[1] que les femmes changent de nom lorsqu’elles se marient, prenant ainsi le nom de leur conjoint.
Mais pourquoi faudrait-il donc renoncer à son nom lorsqu’on se marie ? Son propre nom, ce n’est pas un détail anodin. Au contraire, c’est un constituant essentiel de son identité, quelque-chose avec lequel on a grandi, avec lequel on s’est forgé une personnalité. Accessoirement, on a pu y capitaliser une certaine réputation, précisément une certaine renommée. Abandonner son nom, c’est donc renoncer à son identité, renoncer à l’image que d’autres peuvent avoir de soi, en un mot, c’est ne plus être soi-même.
Mais il y a plus grave : comment ne pas voir dans ce changement de nom une soumission affichée à son mari, ce dernier devenant littéralement propriétaire de son épouse ? La femme se trouve reléguée au rang d’objet, sur lequel l’époux pourrait apposer sa marque. Un peu de la même façon que le nom du titulaire est indiqué sur la carte grise d’une voiture…
Encore une fois, cela plaît à certaines femmes, et libre à elles. Mais que l’on ne vienne pas prétendre qu’il s’agit d’une tradition saine et que ce n’est qu’un détail. Certes, c’est un point particulier, mais avez-vous remarqué comment une bonne partie des points particuliers de la société ont étrangement tendance à se retourner contre les femmes ? Presque à chaque fois qu’il existe une tradition avilissante, ce sont les femmes qui en font les frais ! La vie d’une femme peut ainsi être vue comme une somme de petites humiliations, chacune d’aspect mineur, mais qui au final traduisent un machisme ambiant bien réel, bien perceptible, et surtout infamant pour les femmes.
Ainsi, je considère qu’il n’y a pas de détail qui tienne : il faut n’en laisser passer aucun, et dans tous les cas réfléchir en son âme et conscience à ce que l’on veut soi-même, sans se croire obligé(e) d’accepter les couleuvres que la pression sociale cherche à nous faire avaler.
[1] Il s’agit bien d’un usage, et pas d’une obligation légale. Voir l’excellent texte de SOS Femmes et les explications du site gouvernemental sur le mariage, qui sont tous deux catégoriques, et citent la législation pertinente.
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