Cette semaine, France 2 a diffusé une fiction en deux épisodes, intitulée Une lumière dans la nuit, qui a été primée et a fait l’objet d’une bonne critique, notamment de l’exigeant Télérama.
Ce film est plutôt bien ficelé, et l’on passerait un bon moment si l’intrigue n’était pas malheureusement dénuée d’intérêt. Pour résumer, tout commence par l’invention par Louis Braille d’un codage en relief des caractères pour les aveugles. Lors d’une démo du système, des militaires français et britanniques, convaincus de son utilité militaire (pour la transmission secrète de messages), décident de s’emparer de la « matrice », une sorte de pince servant à embosser les caractères. Tout le film tourne autour des tentatives d’obtention de la « matrice » par les militaires, de la fuite en avant de Braille pour la protéger, et de la quête actuelle de cet objet.
Tout cela est du grand n’importe-quoi. Une démo du système de Braille suffit pour en comprendre le principe, et de là, le code précis établi par Braille, et donc la « matrice » n’ont aucun intérêt. Il ne sert à rien de chercher à obtenir la « matrice » (et donc également de vouloir la protéger), puisque n’importe-qui peut établir son propre code, qui certes sera différent de celui de Braille, mais en aura toutes les caractéristiques. Un peu comme s’il avait fallu faire des drames autour du code ASCII alors qu’il suffisait d’inventer EBCDIC ou un quelconque autre code pour obtenir un fonctionnement strictement équivalent.
Le scénariste semble avoir oublié que la principale caractéristique d’un code, c’est d’être une convention, et donc d’être parfaitement interchangeable. Qu’un scénario si léger ait pu donner lieu à un film est surprenant, qu’il ait été sélectionné pour diffusion par France Télévisions l’est encore plus, mais ce n’est pas le plus dérangeant. Ce qui me met mal à l’aise, c’est le mystère qui est fait autour du code Braille, qui en réalité n’a vraiment rien d’exceptionnel ni encore moins de mystérieux. Et lorsque l’on essaie de me faire voir du mystère (accompagné au passage d’une vénération plus-que-quasi-religieuse) là où il n’y en a pas, je ne peux m’empêcher de sentir des relents d’obscurantisme…
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